Le domaine Pouchkine
Sergueï Dovlatov
Traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs
Observateur hors pair du quotidien et conteur royal, Dovlatov narre, avec son ironie et son humour habituels, un été au domaine Pouchkine dans la Russie de Brejnev où la vodka coule à flots pendant que les familles se déchirent face au choix radical de l’exil.
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Pour sortir d’une vie de débauche et de misère, Boris Alikhanov, jeune auteur impubliable de Leningrad, se fait embaucher le temps d’un été comme guide au domaine Pouchkine, à Pskov. Sur place, il se confronte aux grands questionnements qui furent aussi ceux de de Pouchkine en son temps: son œuvre, sa relation au pouvoir, sa vie familiale et ses problèmes financiers. Conteur talentueux et un brin affabulateur, il observe avec ironie ce musée-réserve, microcosme où guides inspirés et touristes naïfs jouent leurs rôles dans la fabrique de la célébration du poète et, à travers lui, du patrimoine culturel soviétique.
Mais dans les coulisses de ce divertissement, l’histoire personnelle du narrateur s’assombrit. Son ex-femme lui annonce qu’elle prépare son émigration en Amérique avec leur fille. Malgré son désespoir, le narrateur, alter ego de Dovlatov, refuse catégoriquement de les accompagner, ne pouvant se résoudre à fuir son pays et à abandonner ce qui constitue selon lui «quatre-vingts pour cent de sa personnalité», la langue russe.
Émigrer équivalait à naître une seconde fois. Volontairement qui plus est. Toute ma vie, j’ai eu horreur des actes de volonté. L’inactivité est le seul état véritablement moral. Dans l’idéal, j’aimerais m’adonner à la pêche. Passer ma vie au bord d’une rivière. De préférence sans jamais rien prendre.
Éditer Dovlatov dans En attendant Nadeau
«Sergueï Dovlatov est une figure atypique et talentueuse de la littérature russe souvent perçue confusément par les lecteurs francophones. Ses livres sont tous brefs et marqués par un style immédiatement reconnaissable, laconique et alerte. Dovlatov se réclame de la concision d’un Hemingway. Son écriture séduit par sa désinvolture, son goût de l’anecdote, du détour, du trait d’esprit, et même de la blague (...) L’écrivain a conscience d’occuper dans la littérature russe une place à part. Il l’affirme dans le bel entretien de 1988 avec John Glad donné à lire en annexe du Compromis: alors qu’en Russie «la littérature s’est chargée de l’interprétation intellectuelle du monde», lui se contente de raconter des histoires, et se veut modestement un «nouvelliste, un storyteller». Il aura su toutefois se forger un style, ce qui n’est pas rien, et expérimenter avec la forme du livre (…) L’auteur qui a su si bien mettre à nu les rouages du système social soviétique meurt, avec un certain sens de l’Histoire, en 1990. Il ne sera pas là pour assister à l’incroyable engouement que suscitera son œuvre dans la Russie post-soviétique, où il reste l’un des auteurs les plus populaires du vingtième siècle.» – David Novarina
Un article inédit de John E. Jackson ! dans
C’est un récit dont il n’existe guère de tradition dans la littérature française, un récit d’ivrogne, et néanmoins l’admirable travail de la traductrice, Christine Zeytounian-Beloüs, fait que le lecteur se sent conquis dès la première page : comment refuserait-on sa sympathie à quelqu’un qui, quand on lui propose de lire une brochure sur les méfaits de l’alcool, répond: «Vous savez, j’en ai tant lu sur les méfaits de l’alcool que j’ai décidé de renoncer définitivement… à la lecture».
Fiche de presse - Le domaine Pouchkine, Sergueï Dovlatov
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Titre | Le domaine Pouchkine |
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Auteur | Sergueï Dovlatov |
Traducteur | Traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs |
Date de parution | 17/03/2022 |
Format | Poche |
Nombre de pages | 160 |
ISBN | 978-2-889600-74-8 |
Sergueï Dovlatov (1941-1990) est né dans l’Est de la Russie. Journaliste dans des journaux de province, il ne sera jamais publié de son vivant en Union Soviétique, où ses écrits sont taxés d’«idéologiquement hostiles». Il émigre aux États-Unis en 1978 (à 37 ans). Ses écrits, romans et nouvelles, des comédies autobiographiques, y sont enfin publiés, notamment dans The New Yorker. Il est aujourd'hui unanimement acclamé par la critique russe et ses récits sont très populaires en Russie.