Baudelaire et le nuage, Henri Scepi
dans Romantisme, n°199

«Le bel essai d’Henri Scepi, Baudelaire et le nuage, s’inscrit, selon une manière très personnelle, dans ce sillon critique, en faisant à son tour servir le nuage à l’élaboration d’une histoire de la littérature, rendue signifiante selon son discours propre.» – Jean-Nicolas Illouz

Extrait:

«Dans le corpus baudelairien, Henri Scepi découpe un corpus plus spécifique, qui court, principalement, du premier séjour de Baudelaire à Honfleur en 1859 à la publication du poème en prose "L’Étranger" en 1862. Il y relève une "météorologie poétique", où le nuage, entre "le ciel bas et lourd" du Spleen et les soleils triomphants de l’Idéal, apparaît comme la grâce d’un surgissement, inattendu, fugitif, libre. L’"homme énigmatique" qui le regarde passer n’est plus tout à fait l’homme romantique, attiré par les altitudes "sublimes", mais davantage l’homme "de la vie moderne", ou plutôt, écrit Baudelaire dans la préface du Spleen de Paris, l’homme "d’une vie moderne", "plus abstraite" en ceci que le sujet s’y soustrait aux lois générales de l’ontologie (romantique), pour se poser existentiellement dans un rapport singulier au monde, aux autres et au sens. Ce moment-Baudelaire, à tous égards "pivotal" entre romantisme et modernité, est porteur d’une nouvelle esthétique: le nuage n’est plus un symbole ou une métaphore, mais plutôt "un signe pur", écrit Henri Scepi, délié de toute articulation à un signifié préalable, et "surgissant" par accident, comme une forme mobile, aléatoire, aventureuse.»

01.05.2023

Henri Scepi

Henri Scepi est professeur de littérature française à la Sorbonne nouvelle. Spécialiste de la poésie du XIXe siècle, il a publié plusieurs essais sur Laforgue, Mallarmé, Nerval, Lautréamont, Rimbaud, Verlaine...

Fiche auteur

Connexion

Mot de passe perdu ?

Créer un compte